La voleuse de livres
de Markus Zusak
Contemporain
631 pages
ISBN : 978-2-266-17596-8
chez Pocket
Quatrième de couverture :
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois, cette fillette a croisé la Mort, et trois fois la Mort s'est arrêtée.
Est-ce son destin d'orphelin d'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux évènements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'ai aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...
Voilà un
livre qui est arrivé dans ma PAL un peu par hasard, lors d’un de mes shopping à
la Fnac. Le titre m’avait intriguée, la couverture était belle et le résumé me
plaisait, alors hop, dans mon panier !
J’étais
loin de me douter que ce simple hasard se transformerait en énorme coup de cœur !
Liesel, une
fille de dix ans, est en route vers la petite ville de Molching, près de Munich
en Allemagne. On est à la fin des années 30 quand sa mère la conduit, elle et
son petit frère, chez les Hubermann car elle ne peut plus subvenir à leurs
besoins, et l’ascension d’Hitler commence à prendre de l’ampleur.
C’est durant ce voyage que débute l’histoire, par un évènement tragique où
Liesel voit son petit frère mourir sous ses yeux. On l’enterre entre deux
gares, dans un sol gelé et c’est là que Liesel commet son premier vol en
ramassant « Le manuel du fossoyeur » dans le dos de l’homme qui a mis
son frère en terre.
Pendant des années, ce livre sera le bien le plus précieux de Liesel, avant qu’elle
n’en subtilise d’autres.
Elle apprend à lire et au fil des années se réfugie dans les mots pour fuir la
misère et la terreur de la guerre.
Cette
histoire, c’est la Mort elle-même qui nous la narre. Mais pas la Grande
Faucheuse ou le Spectre que l’on connait, non, c’est juste quelqu’un, ou plutôt
quelque chose comme vous et moi, avec un travail peu reluisant, crainte et haie
de tous, qui nous ouvre son cœur avec humilité. Une approche vraiment originale
de la mort qui m’a conquise dès les
premières pages, parce qu’on est vraiment pas habitués à voir les choses sous
cet angle-là.
En dehors
de Liesel, il a y a les personnages secondaires auxquels on s’attache très
vite. D’abord Hans Hubermann, son père nourricier qui est très gentil avec
elle, ça compense la méchanceté de sa belle-mère qui ne sait pas faire
autrement que de la battre et lui crier dessus. Hans passe toutes ses nuits
avec Liesel, car elle est en proie à d’affreux cauchemars depuis la mort de son
frère. Hans est également là pour elle quand il s’agit de la protéger de sa
belle-mère et c’est lui aussi qui lui apprendra à lire. Un homme bon et sincère
qui fait ce de son mieux pour survivre dans la tourmante de l’enfer nazi et
donner ce qu’il y a de meilleur à Liesel.
Un autre loustic qui m’a amusé, c’est Rudy, le meilleur ami de Liesel. Il est
adorable ce gamin, et j’ai surtout aimé le passage où il veut imiter Jesse
Owens !
Et bien sûr il y a Max, le Juif à l’humilité débordante qui m’a fendu le cœur.
Se cacher, survivre, renoncer à ses instincts… ce n’est pas évident. Mais ce
qui m’a le plus touchée est l’amitié qu’il a développée avec Liesel, de plus en
plus forte au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire. Et ce « Réveillez-vous
Max ! » quand il est malade…
Si vous lisez ce livre, je vous conseille de préparer vos mouchoirs !
Ce que j’ai
trouvé sympa, c’est que bien que le livre soit écrit en français, il est
ponctué régulièrement de mots allemands, ou carrément des expressions, et le
tout est traduit directement. Non, il n’y a pas un petit chiffre ou un
astérisque en haut du mot qui renvoie à une écriture riquiqui en bas de page.
La traduction est mise juste à côté, et c’est bien plus agréable. Ça apporte
aussi une touche de charme au livre, et je trouve que ça aide le lecteur à se
rappeler qu’il s’agit d’allemands au cœur de cette histoire, mais des « allemands
gentils », des allemands qui sont attachés à leur patrie, certes, mais qui
ne suivent pas Hitler dans sa folie, des allemands qui aident les Juifs, qui
ont peur, et qui refusent d’adhérer au nazisme malgré la pression autour d’eux.
Et ça, j’ai vraiment aimé, le fait que pour une fois on nous dépeigne les
Allemands autrement durant cette période, pour qu’on se souvienne que tous les
Allemands ne sont pas à mettre dans le même panier, qu’il existait malgré tout
des gens bien qui ne se sont pas laissés avoir par les grandes phrases du
Führer et qui reconnaissaient encore où était la loyauté. C’est bon d’avoir un
rappel de ce genre de choses de temps en temps.
La fin est
très triste, mais elle ne gâche pas le reste de l’histoire pour autant. Je
dirais que c’est ce qu’il fallait, car sinon ça aurait fait trop « Happy
end-ils-vécurent-heureux » à mon goût.
Et de toutes façons, je pense que quelqu’aurait été la fin de cette histoire,
je n’aurais pas voulu en sortir. Oui, j’ai eu du mal à quitter tous ces
personnages, à quitter Liesel et la Mort en elle-même, du mal à refermer le
livre et passer à autre chose tant cette histoire est attachante.
J’espère que l’auteur,
Markus Zusak, nous en réserve d’autres comme celle-là.